Ouvrir un gîte, une aventure risquée

De plus en plus de personnes pensent à créer leur propre affaire en ouvrant un meublé de tourisme. Gérer une maison de vacances à la campagne semble paraître simple pour certains. En réalité, c’est davantage devoir se retrousser les manches pour un revenu imprévisible.

Une obligation de disponibilité et d’acquisition en compétences

Horaires à rallonge, disponibilité permanente, perturbation de la vie de familiale sont autant de freins des propriétaires de gîtes que les visiteurs alléchés par la perspective d’une vie à la campagne peuvent négliger. « Ouvrir un gîte est une aventure fantastique, mais elle doit être soigneusement préparée », prévient Claire. Depuis onze ans, cette dernière vit et gère avec son mari un meublé de tourisme de 13 pièces, situé dans le parc naturel régional des Baronnies provençales, au cœur de la Drôme. Et, ils peuvent l’affirmer, la gestion d’un gîte ne se limite pas à bavarder avec les clients pendant le petit-déjeuner. Il faut aussi apprendre à être à la fois bricoleur, webmaster, cuisinier, comptable…

Aurélie Patin, responsable des Gîtes de France pour le Calvados, affirme : « On vit rarement d’une telle démarche. » Même si son département est l’un des plus dynamiques du pays, à peine 20% des propriétaires réussissent. Il suffit de faire le calcul : « Le taux d’occupation typique de notre région est de 43%, poursuit-elle, ce qui équivaut à dix-huit semaines de location par an. » En outre, le panier moyen s’élève à 540 euros. Revenu annuel total : moins de 10 000 euros, dont il faut déduire les charges (eau, électricité, assurance…). Selon la plateforme Creagite, un gîte peut être rentabilisé en trois ans s’il est loué seize semaines par an en moyenne.

Un pari nécessitant d’important fonds pour se lancer

Le plus souvent, les revenus d’un gîte constituent un complément pour permettre des travaux et la préservation d’un bien familial. Si l’on souhaite vivre uniquement de la location, il faut avoir un projet d’envergure. Mathieu et son épouse ont décidé de rénover plusieurs maisons en Camargue, où se trouvait leur maison de vacances, après une vie professionnelle bien remplie en région parisienne. « J’ai pu entreprendre ce voyage car j’avais vendu ma société et disposais de quelques fonds », précise-t-il. Quiconque souhaite créer une entreprise dans ce secteur ne devrait le faire que s’il est déjà propriétaire du terrain. »

Un cahier des charges important dont il est nécessaire de tenir compte

Pour préparer efficacement votre projet, vous devrez rédiger une stratégie commerciale et effectuer une analyse de marché. Il est particulièrement important de réfléchir à la manière de vous démarquer des 90 000 autres options proposées sur le marché français. En ce qui concerne la taille des gîtes, il existe des logements plus grands qui peuvent accueillir des mariages et des cousinades, ce qui peut rendre l’expérience plus excitante et permettra de vous démarquer, puisqu’il y en a moins qui sont disponibles sur le marché. Les équipements extérieurs comme les piscines, les saunas ou les hammams sont eux aussi les bienvenus. En somme, tout ce qui pourra vous différencier, tant sur le plan de l’offre que sur le lieu, permettra à votre gîte d’augmenter ses chances de succès auprès du public. L’écologie et le respect de l’environnement sont aussi peu à peu devenus une composante essentielle, avec des gîtes de plus en plus ancrés dans leur environnement local et économes en énergie.

Une fois l’entreprise définie, il faut remplir les conditions administratives et fiscales. Celles-ci sont simples si l’objectif est simplement de produire un revenu complémentaire. Faire une déclaration préalable d’intention d’ouverture de gîte à la mairie de la commune où il sera situé (formulaire Cerfa 14004. 04). Les revenus locatifs sont soumis à l’impôt, avec un abattement forfaitaire de 50 %, voire 71 % pour les meublés haut de gamme. Si cette activité devient votre principale source de revenus et que vous gagnez plus de 23 000 euros par an, vous devez vous inscrire au Registre du commerce des sociétés et au Centre de formalités des entreprises, ainsi que verser des cotisations sociales (en plus des impôts) (22 % si vous choisissez le statut de micro-entrepreneur). Les logements meublés de plus de 15 personnes sont considérés comme des « établissements publics » et sont soumis à des critères plus stricts en matière de sécurité incendie, d’accessibilité et d’hygiène. Une assurance saisonnière est conseillée et les équipements tels que les piscines doivent être protégés.

L’importance du détail

Autre point, et non des moindres, il est nécessaire de prêter attention aux détails. Il n’est pas judicieux de donner au gîte le nom de votre fils, mais plutôt de choisir un nom géographique qui séduira les internautes. Les labels Gîtes de France, Accueil Paysan, Clévacances et autres sont précieux car ils confortent les acheteurs. Le respect d’un cahier des charges détaillant les éléments esthétiques, l’environnement extérieur, le confort, etc. est nécessaire pour obtenir les fameux épis (de 1 à 5). Ces labels sont financés par une cotisation (environ 130 euros par an) et une commission sur les ventes (entre 15 et 18%), à l’instar des plateformes comme Booking ou Airbnb, qui se contentent de jouer le rôle de médiateur et n’apportent peu ou pas de conseils. Le chemin peut paraître long et fastidieux, mais malgré les difficultés, le jeu en vaut la chandelle.

Un résumé en étapes clés

  1. La première chose à prendre en compte est la propriété. Si vous souhaitez acheter, faites attention à ne pas trop vous endetter, étant donné que cette activité reste malgré tout risquée. Il est difficile de rentabiliser un gîte.
  2. Les formalités administratives constituent le second point. Les revenus locatifs sont-ils votre principale source de revenus ou constituent-ils un complément ? Il est nécessaire de prendre les mesures administratives et fiscales adéquates en fonction de la réponse.
  3. Les finitions. Il est important que votre logement ait le plus de cachet possible, n’oubliez donc pas de soigner l’extérieur de votre propriété.
  4. Le quatrième point s’axe autour des labels. Adhérer à un label (comme Gîtes de France, Clévacances ou Accueil Paysan) renforce votre visibilité et votre crédibilité. Vous devrez vous acquitter d’une commission et souvent d’une cotisation.
  5. Les relations publiques. Présentez-vous à la mairie et à l’office de tourisme pour vous connaître.
  6. Sixième pilier : la communication. Comme pour toutes les entreprises, il est extrêmement important de maîtriser sa communication d’un bout à l’autre. Disposer d’un site web et être actif sur plusieurs réseaux sociaux est recommandé.
  7. La nécessité de se différencier : proposer des activités de loisirs spécifiques qui permettront de rendre votre lieu atypique, voire unique, vous sera bénéfique.
  8. Dernier point : les tarifs. Si vous le pouvez, essayez d’allonger la saison le plus longtemps possible en dehors de l’été en proposant à vos clients des prix plus attractifs qui contribueront à ce que votre gîte soit actif sur une période plus longue.